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novembre 10, 2025
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Alina Szapocznikow

la sculptrice qui mit le corps dans tous ses états

Alina Szapocznikow n’était pas là pour caresser le réel. Née en Pologne en 1926, survivante des ghettos et camps nazis, elle transforme ses souvenirs les plus lourds—et son propre corps malade—en formes poétiques, puissantes et parfois franchement dérangeantes.

Après la guerre, Paris devient son terrain de jeu. D’abord élève aux Beaux-Arts, c’est là qu’elle commence à expérimenter des matériaux nouveaux (polyester, résine, polyuréthane) pour mouler… ses seins, ses lèvres, ses ventres. Oui, vous avez bien lu. Elle immortalise son propre corps — ses fragilités, sa fatigue, ses douleurs — dans des objets étrangement beaux. Pop, bien réel, vibrant, troublant.

Son travail pourrait se résumer à cette idée : “Mon corps comme archive de l’impermanence”. Que ce soit ses fameuses tumors (tumeurs personifiées) ou ses lèvres-lampes, chaque pièce est un bout d’elle, confronté à la fragilité humaine et à cette irrépressible nécessité de rester présent

À l’ère où le corps est hyper visible — Insta, filtre et aesthetic guerriers — Szapocznikow réécrit le visible. Elle mélange intime et universel, avec au fond une question qui brûle : qu’est-ce que ça signifie, survivre, sentir, disparaître ?

Son œuvre a longtemps été peu vue. Heureusement, rétrospectives et acquisitions la tirent peu à peu de l’oubli. Le Centre Pompidou expose des dessins et une sculpture, Fétiche II, pièce phare de ses années parisiennes .

Des expos dans des musées tels que le MoMA (New York) lui ont finalement rendu justice .

Pourquoi on en parle ici ? Parce qu’elle casse les cadres. Parce qu’elle nous murmure qu’on peut fabriquer du beau avec ce qui nous rend humain — douleur, corps, mémoire. Et parce que son œuvre nous dit, silencieusement mais puissamment : continue de te sentir, même quand tout te dit de disparaître.

Alina Szapocznikow
Alina Szapocznikow

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