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novembre 10, 2025
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L’impasse contemporaine en clair-obscur

Eddington, ou comment le cinéma ose enfin regarder l’époque dans les yeux

Et si le vrai film du présent était celui qui ne se projette pas vers demain, mais qui ose revenir en arrière pour mieux saisir ce qui gangrène encore notre époque ? Avec Eddington, c’est une relecture radicale de la crise du Covid-19 qui s’impose à nous — non comme un souvenir lointain, mais comme une plaie encore à vif. Cinq ans après, alors que le « monde d’après » s’est noyé dans ses propres slogans, ce film rappelle que le passé récent a la dent dure.

En refusant les figures héroïques ou les récits de résilience, Eddington préfère plonger dans le désordre, le refoulé, le grotesque. La pandémie n’est plus un décor, mais un révélateur. Ce que le virus a épaissi, ce ne sont pas seulement les statistiques ou les symptômes, mais les lignes de fracture d’une époque saturée de discours contradictoires.

La farce, ici, devient un outil de décantation. Le western, un prisme moral pour remettre de la lisibilité dans l’opaque.
Le film emprunte les codes du genre (jusqu’à ses duels, ses traîtrises et ses reconfigurations d’allégeances) pour mieux démanteler l’idée même de continuité historique. Ari Aster y retrouve son obsession pour les basculements symboliques : les sacres illusoires, les têtes qui tombent à peine couronnées. Tout n’est que rituel faussé, spectacle vain, dans un monde qui prétend aller de l’avant sans jamais vraiment s’être arrêté.

Il ne s’agit pas de « dénoncer » ou d’illustrer la crise, mais d’en rejouer les rythmes absurdes, les emballements politiques et les gestuelles grotesques. Eddington ne se veut ni document, ni prophétie : il est cette secousse nécessaire, ce pas de côté qui permet enfin de voir l’impasse dans laquelle nous persistons à avancer.

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