il y a un an, la France entière découvrait son nouveau gourou textile : un bonnet phrygien rouge avec des yeux ronds et un sourire qui semble dire : « Je sais ce que tu as fait l’été dernier ». La mascotte officielle des JO de Paris 2024, baptisée sobrement « la Phryge », a déclenché une vague que les communicants n’avaient sans doute pas prévue : une véritable phrygien mania. Peluches en rupture de stock, figurines collector, mugs patriotiques, et même des versions crochetées maison dignes de Pinterest.
Un an plus tard, alors que la flamme olympique s’est éteinte, la Phryge n’a pas disparu dans les limbes marketing où s’empilent les mascottes oubliées. Elle hante encore les rayons souvenirs et les timelines Instagram. Elle est devenue ce que peu de mascottes réussissent à être : un objet pop, au croisement entre symbole républicain et culture mème.
Comme si Marianne s’était mise au cosplay kawaii.
Le bonnet phrygien, à l’origine, c’est du sérieux : emblème de liberté depuis la Révolution française, porté par les sans-culottes et les allégories peintes par Delacroix. Owens, Yohji ou Jacquemus auraient pu le détourner sur un podium ; le comité olympique l’a mis sur pattes, avec une personnalité de dessin animé. Résultat : une icône qui coche à la fois la case “patrimoine” et la case “TikTok-friendly”.
En un an, la Phryge a glissé du terrain sportif vers un statut plus flou : mascotte de défilé, accessoire politique, personnage de peluche Instagrammable. Elle n’est pas sans rappeler ces objets de design involontaire qui finissent en icônes malgré eux — un peu comme le fauteuil Panton ou le tote bag du New Yorker.
La question est : que restera-t-il d’elle dans dix ans ? Peut-être un vague sourire dans un grenier, ou, qui sait, un revival mode dans une collection automne-hiver. Car après tout, la Phryge l’a prouvé : en France, même un bonnet rouge peut faire la couverture des magazines.
